Attirer et retenir en donnant du temps
Vous vous souvenez de cette publicité brillante de Mastercard : “il y a certaines choses qui ne s’achètent pas, pour tout le reste il y a mastercard”.
En recrutement c’est pareil, sauf qu’on n’achète pas, on offre.
Il y a les avantages matériels classiques et légaux en plus du salaire : carte Swile, Gymlib, Carte UGC illimitée, mutuelle et transports…
Et puis, il y a le temps. Pas un jour de RTT par mois. Non le vrai temps. Long ou court, mais récurrent.
Aujourd’hui, je vais vous parler du temps comme levier d’attractivité, d’engagement et de rétention.
(Et avec une retraite à 92 ans, s’accorder des pauses régulières semble de plus en plus pertinent).
1. Un peu de temps chaque semaine
A. La semaine de 4 jours
Certains y sont passés depuis quelques années et ont du recul dessus. Ils en font même des documentaires et des livres. Pratique.
Welcome to the Jungle est passé à la semaine de 4 jours depuis 2019, avec un taux de recommandation qui rendrait jaloux un dictateur : 99%.
Laurent de la Clergerie, le CEO de LDLC, a mis en place la semaine de 4 jours en 2021, après avoir lu un article sur Microsoft qui avait fait le test au Japon, alors qu’il cherchait une idée pour améliorer le quotidien de ses équipes.
L’objectif premier : faire que les employés se sentent bien.
En passant la semaine à 32h, Laurent de la Clergerie avait prévu une augmentation de 5% de la masse salariale.
Après 2 ans, en 2022, le chiffre d’affaires avait presque doublé, sans embauche supplémentaire.
En 2022, une grande expérimentation a été mise en place pendant 6 mois au Royaume-Uni dans des entreprises de toutes tailles et de tous secteurs auprès de 2 900 salariés, à salaire égal. Le constat est sans appel : 92% des entreprises voulaient maintenir la semaine de 4 jours.
Quels résultats peut-on mesurer quand on teste la semaine de 4 jours ?
- Côté qualité de vie au travail : LDLC n’avait pas mesuré la satisfaction de ses employés avant la mise en place de la semaine de 4 jours, mais son classement Great Place to Work a augmenté.. Pour Welcome to the Jungle, 93% des employés estiment avoir un meilleur équilibre entre leur vie personnelle et professionnelle. Pour 90% des salariés du test réalisé au Royaume-Uni, la semaine de 4 jours a eu des effets bénéfiques sur leur santé.
- Côté productivité : 87% des collaborateurs Welcome to The Jungle se sentent plus efficaces. Le réajustement nécessaire côté managers pour mieux prioriser les missions s’est opéré sans difficulté pour 70% d’entre eux. Au Royaume-Uni, les entreprises ont observé une baisse des démissions de 57% et une diminution des arrêts maladie, avec un chiffre d’affaires en légère augmentation.
- Côté recrutement : ce sont 12% d’attractivité en plus pour Welcome to the Jungle.
B. Les autres formules
Parfois le temps est donné au collaborateur et il en fait ce qu’il veut, parfois c’est un créneau du temps de travail que l’entreprise propose d’utiliser différemment.
Inspirés par le “20% time” de Google, nous avons mis en place la “Blanquette” chez YAGGO.
Le principe est simple : chaque mercredi après-midi les agendas sont bloqués et chacun peut :
- Se former seul ou en groupe
- Apprendre ce que font les autres services, par exemple : découvrir l’outil, être initié au code ou au marketing…
- Réfléchir à des nouvelles fonctionnalités ou services. C’est de là que sont nés CAASK et Galaad.
Chez Shine, le collaborateur peut travailler au moins 1 jour par mois en freelancing sans baisse du salaire ou des avantages fournis.
Le CEO de Morning, Clément Alteresco a annoncé en avril 2023 : “Chez Morning, nous venons de mettre en place une demi-journée de respiration : LA PAUSE. Chaque mois, rien que pour soi.”
Le ni-ni version Ressources Humaines : ni RTT, ni vacances.
Plus qu’un levier d’attraction pour ces entreprises déjà visibles et connues pour leurs valeurs fortes, c’est surtout un levier de rétention et de productivité : redonner du temps aux équipes pour moins travailler et surtout pour mieux travailler.
C. Qu’est-ce qu’on fait quand on ne travaille pas ?
Bah oui, qu’est-ce qu’on fait quand on a plus de temps libre ?
On se la coule douce ?
C’est le cas pour 70% des salariés de Welcome to The Jungle qui en profitent pour se détendre.
Pour 55% des interrogés, c’est du temps en plus pour s’occuper des tâches administratives et ménagères et libérer du temps avec leurs proches le week-end.
Enfin, pour 51%, ce temps libre en plus permet l’avancement de projets personnels sous toutes leurs formes : formation, bénévolat, “side project”…
Des entreprises comme Vendredi ou TestUnMétier vous aident même (vous et votre entreprise) à meubler ces créneaux d’investissement de votre temps si vous manquez d’inspiration.
- Pour approfondir
2. Plein de temps libre d’un coup
A. Le temps pour ceux qui ont la bougeotte
J’en parlais en introduction, plus l’âge de la retraite augmente, plus faire des pauses régulières semble pertinent.
Avant, on profitait du fait de changer de job pour prendre des grandes vacances ; mais pour les entreprises qui veulent garder leurs talents plus longtemps, intégrer des longs congés rémunérés dans leur politique RH peut être la solution.
Mieux que le congé sabbatique sans revenus, je vous présente : le “congé priorité personnelle” chez Accenture et le “congé respiration” chez Orange.
Certains sont rémunérés partiellement, d’autres en totalité, avec un projet défini ou sans, mais toujours après ancienneté. Bah oui, ne perdons pas de vue l’objectif : attirer et retenir !
La carotte pour les employés, qu’ils soient : Gen Y, Gen Z, ou Gen Aimarre.
Ces initiatives sont récentes, il sera intéressant de mesurer le gain de motivation, d’engagement et de productivité de l’employé après son retour, et l’impact sur l’attractivité et sur la marque employeur pour l’entreprise.
En tout cas, après une baisse d’attractivité et une quête de sens dans le travail quasi généralisée, ces entreprises ont su écouter les attentes de leurs employés et s’adapter.
B. Le temps des parents
On associe souvent les longs congés avec un road trip en Amérique Latine ou en Asie, mais c’est négliger une partie des collaborateurs : les parents.
Bien que l’url de cet article de Challenges contienne le mot femmes (#riennepasse), cette mesure mise en place par KPMG s’adresse aux papas et aux mamans : pendant 6 mois après une naissance, une semaine de 4 jours payés 5, appelée semaine parentale.
Avec 57% de femmes recrutées, c’est pourtant bien à elles que l’entreprise s’adresse en priorité, mais après un an d’ancienneté.
Netflix, pionnier en stratégie RH, a mis en place le congé parental non limité : prendre le temps nécessaire sans perte de salaire.
Est-ce qu’un effet de bord de ces initiatives serait la réduction des inégalités entre hommes et femmes ? Seuls les chiffres le diront.
C. Have a break, pour tout le monde ?
La peur du trou dans le CV ?
Pas vraiment, quand le marché est favorable aux candidats, il n’y a plus que les parents qui s’en inquiètent.
Pour les plus diplômés qui ont déjà vécu une première expérience professionnelle réussie, aucune inquiétude sur leur plan de vie et les entreprises qui les recrutent, c’est presque un attendu.
L’expérience initiatique montre ouverture d’esprit, maturité et débrouillardise. Et si elle a déjà eu lieu, le recruteur suppose que le candidat ne repartira pas de sitôt.
Pour les autres, les articles ne le disent pas mais on peut supposer que le phénomène est moins fréquent.
3. La jurisprudence encore ratée du mois de mai
Vous êtes encore tombés dans le panneau en vous disant que vous alliez profiter du mois de mai gruyère pour “tester” la semaine de 4 jours ?
Moi aussi.
Et comme chaque année, c’est un échec :
Plus de stress et plus de fatigue car la charge de travail reste la même, mais répartie sur moins de jours.
(Petit conseil pour être encore plus sur les rotules : partez en week-end en voiture, et RDV dimanche à 21 heures au péage de Saint Arnoult.)
Pourquoi ça ne marche pas dans la plupart des cas :
Autant de travail, un calendrier subi sans revoir la priorisation, fatigue et stress en plus.
Je finirais cet article en citant humblement une philosophe contemporaine :
D'apprendre ce qu'il faut apprendre.
Donne-moi le temps d'avancer,
Comme je le ressens”
Il y a beaucoup, beaucoup de campagnes de recrutement d’alternants ces temps ci. Voici le top 10 choisi par… Bahia, notre alternante !
Dans les épisodes précédents : Empowerées d’une idée auto-proclamée de génie, Elodie et Inès avaient décidé de devenir solopreneuses à deux.
← Blog CEO, GOYYA LINKEDIN EMAIL Si besoin est de se remettre en tête la genèse du projet : avec Inès, on lance GOYYA, le concurrent fictif de YAGGO, par
La Revue Humaine, notre newsletter sur l’actualité RH, tous les Jeudis à 13h.